Myura et... [PV: Hisashi][Flash Back]

» Mon regard était posé sur l'horizon devant moi. Je ne bougeais pas, profitant du silence et de la solitude. La seule présence à des kilomètres? Kuro. Fidèle comme un chien, il se tenait fièrement sur mes épaules et jetais parfois des regards furtifs aux mouches qui passaient devant lui, essayant d'en attraper une fois de temps en temps. Cela devait bien faire une heure ou deux que j'étais ici, debout à regarder une étendue désertique. De l'eau sur des kilomètres. Ma destination, cette fois-ci, était précise. Pendant l'espace d'un mois, je m'étais fixé une place précise où je devais absolument me rendre. Le pays des vagues. Pourquoi celui-ci plutôt qu'un autre? La raison est simple, j'avais entendu parler. Je n'avais rien compris à leurs paroles, mais j'avais compris l'essentiel concernant un certain pays des vagues. J'ignore pourquoi, mais ce pays m'avait aussitôt attiré. J'avais l'impression incessante que je devais m'y rendre et que quelque chose se passerait une fois arrivée. En voyant le pont sur lequel je m'étais arrêtée, je ne pouvais m'empêcher de croire que j'étais bientôt arrivée à destination. Il y avait une brume épaisse qui envahissait les lieux et les rayons du soleil étaient masqués par d'épais nuages ce qui m'avait tenté de fermer mon ombrelle, même si je craignais un retour furtif du soleil. Je m'accotais sur le garde du pont puis fermais les yeux alors que Kuro sautais à ma gauche.

» Peut être était-il temps de se remettre en route. Ouvrant mon ombrelle, malgré l'absence constante de soleil, je recommençais à marcher. Voilà maintenant au moins quatre à cinq mois que je marchais activement et une seule chose m'avait déplu : les gens que je croisais. Toujours ce même regard dégoûté ou effrayé, comme s'ils venaient de croiser un fantôme. Dans un élan de colère, il m'était même arrivé d'en tuer un ou deux. Je n'essayais pas d'être propre, comme un animal je leur arrachais des lambeaux de chairs. Par la suite, je laissais leur cadavre dans un sale état sur place. Est-ce que je regrettais? Non. J'avais l'impression de mériter les regards qu'ils me lançaient, mais savaient-ils? On dit que je n'attire pas la sympathie avec mon teint de peau maladif... Mais aucune raison n'est bonne pour me regarder avec autant de... dégoût. De toute manière, ce n'était qu'une excuse que je me répétais pour pardonner les actes que ma mauvaise humeur pouvait causer. Une partie de moi était une tueuse, mais mon cas était une généralité. Nous sommes tous capables de tuer au fond de nous, c'est une attitude primitive, mais surtout instinctive. Laissé à lui-même, l'homme devient le pire des animaux.

» Je n'essayais pas de renier ce que j'étais. À quoi bon? Ça n'apportait jamais rien de bon de ne pas s'affirmer. Nous choisissons nous-mêmes ce que nous voulons être. Je n'étais pas quelqu'un de mal pour autant! Bien sûr que non. Il y avait deux facettes de ma personnalité : ma bonne humeur et ma mauvaise humeur. Satoshi et sa mère me décrivaient comme instable. J'avais tellement entendu mon hôte dire souvent ce mot en parlant de moi que cela avait été une raison suffisante pour vouloir sa mort... une fois de plus. Mais j'étais faible à ce moment! C'était grâce à lui que j'avais été capable d'acquérir des capacités qui, au départ, semblaient être perdues. C'était parce que j'avais tout appris en un an que je savais qu'il y avait un passé que j'avais oublié. Un passé dont je devais me souvenir... C'était important. Pour moi. Pour les gens dont j'aurais pu être proche dans ce passé... Pour la personne que j'étais. Pour l'identité que j'avais oublié. Bien sûr, c'était probablement que de faux espoirs de croire que j'avais un passé intéressant. Le pire, c'était que pendant une année complète j'ai habité avec la personne qui détenait toutes les réponses à mes questions, mais je ne voulais pas savoir. Je craignais le monstre que j'aurais pu être pendant ces années, je craignais de savoir que personne n'avait le moindre sentiment pour moi. Aujourd'hui, je m'étais créé une personnalité forte et indépendante. J'étais quelqu'un pour qui amitié rimait avec ... avec rien du tout. Je ne trouvais pas de rime pouvant exprimer à quel point elle était inutile.

» À peine avais-je terminé de marcher sur le pont que j'eus soudainement une mauvaise impression. Celle que ma solitude si précieuse venait d'être brisée. Évidemment, mieux vaut ne pas faire attention à ce genre de présentement. N'importe qui pouvait être une présence, un simple paysan passant ici par hasard... Pas nécessairement l'un de mes semblables. De plus, mes recherches sur le pays des vagues au cours du dernier mois m'avaient appris que le pays ne possédait pas de force militaire donc je n'avais pas grand-chose à craindre d'eux. Je devais être particulièrement de bonne humeur, car si ma présence était mal vue, j'acceptais de partir et de laisser le pays en paix. Je n'avais pas de but hostile face à cet endroit. La pauvreté de l'endroit ne pouvait me convaincre d'empirer leur situation. Au fond, pourquoi étais-je ici? Pour le plaisir de visité? Puisque cela avait été plus fort que moi? Bonne question. Cet endroit ne méritais pas mon attention particulière. J'allais d'ailleurs faire demi-tour quand...